La transition numérique bouleverse tous les secteurs d’activités. Dans l’enseignement supérieur, la formation et la recherche, les pratiques, les relations entre acteurs, et les modes d’organisation inédits qu’elle véhicule semblent annoncer de grands changements. Le monde académique va-t-il s’emparer des nouvelles technologies et des nouveaux usages qui y sont associés ou bien les subir ? Les transformations déjà en cours et un sentiment d’accélération génèrent diverses images du futur – stéréotypés, fantasmés ou plausibles.
Dans l’enseignement supérieur et la formation, une plateformisation généralisée pourrait redéfinir l’accès à l’apprentissage. L’intelligence artificielle et les algorithmes transforment le rôle des enseignants et l’élaboration des contenus ou des parcours de formations. L’abondance de ressources pédagogiques en ligne renforce les possibilités d’autoformation et questionne l’utilité du présentiel, de la formation initiale ou de l’attribution de diplômes. Alternativement, on entrevoit des méthodes hybrides, où ressources pédagogiques classiques et numériques, et interactions humaines se complètent judicieusement.
La recherche aussi se trouve face à une opportunité-défi. L’abondance des données – issues de capteurs connectés, des activités des utilisateurs, de simulations, et de croisement de jeu données auparavant cloisonnés – change la façon de produire des connaissances. Elle peut créer une concurrence entre chercheurs et acteurs économiques ou entre les sciences de la donnée et les autres disciplines. Les nouvelles capacités de communications permettent une organisation plus distribuée, mondialisée ou centrée autour de clusters territoriaux, de laboratoires virtuels et de réseaux individuels changeants. L’intelligence artificielle peut aussi jouer un rôle dans l’orientation stratégique des activités scientifiques.
Entre le monde académique et le reste de la société, les nouvelles formes et capacités de communication, d’échange de données et de diffusion des connaissances changent la donne. L’innovation ouverte, associée au développement du numérique, permet un écosystème reliant entreprises, start-ups, universités, écoles et laboratoires. Des acteurs associatifs obtiennent plus directement accès à la production scientifique et acquièrent une grande visibilité par les réseaux sociaux. Cela peut se traduire par une science plus explicitement « en société », qui s’implique dans une authentique conversation sur les enjeux éthiques ou sur l’évaluation de la recherche, et qui communique selon des modes de communications en émergence.