Le revers de notre assiette

Gratuit
2019
EDUCAGRI éditions
Collectif

Le revers de notre assiette

Cette brochure porte sur les enjeux de notre alimentation. Elle vous livre un éclairage issue des travaux menés au sein du projet de recherche BioNutriNet depuis 10 ans pour analyser les impacts de différents régimes alimentaires, notamment afin de préserver le climat, nos ressources naturelles et notre santé.

Des recommandations nutritionnelles de santé publique pour la population française qui intègrent la santé de la planète ! C’est une véritable révolution qui a eu lieu au sein de la politique nutritionnelle de santé publique développée en France depuis  plus  de  18  ans  !  Pour  la  première  fois,  les  repères  de  consommation  alimentaire  destinés  à  être  diffusés  à  la  population générale afin d’aider les consommateurs à s’orienter vers des comportements plus favorables à la santé, ont intégré  des  dimensions  environnementales.  Ces  nouvelles  recommandations  publiées  récemment  par  Santé  Publique  France s’appuient sur le travail réalisé par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). Celui-ci a défini leur cadre général en  s’appuyant  sur  un  socle  scientifique  produit  par  l’ANSES  et  en  se  plaçant  résolument  dans  une  perspective  globale  de  santé  publique.  Le  HCSP  a  pris  en  compte  les  données  épidémiologiques  sur  les  relations  entre  l’alimentation  et  la  santé et leur plausibilité biologique. Mais, pour la première fois, une cohérence avec la durabilité a été recherchée afin d’avoir la meilleure convergence possible entre les dimensions nutritionnelles et environnementales dans le contexte de l’épuisement des ressources naturelles et de l’écotoxicité : consommation d’aliments végétaux vs consommation d’aliments animaux par rapport à la santé des individus et la protection de la planète. C’est donc réellement et exclusivement sur des bases scientifiques solides qu’ont été établies ces nouvelles recommandations proposant à privilégier une alimentation riche en produits végétaux (fruits et légumes, produits céréaliers complets, légumineuses et fruits à coque,...) et limité en produits animaux (viandes, charcuteries et produits laitiers). Ces recommandations, ont également indiqué, ce qui n’avait jamais été formulé jusqu’à présent, l’intérêt de privilégier la consommation d’aliments végétaux issus de modes de production diminuant l’exposition aux pesticides. Cette prise de position a été justifiée, au nom du principe de précaution, de réduire l’exposition des consommateurs aux pesticides (elle est aujourd’hui renforcée par l’accumulation de travaux scientifiques suggérant une association entre consommation de produits Bio et un risque plus faible de maladies chroniques). D’autre part, tant pour tendre vers un équilibre nutritionnel optimal  que  vers  une  alimentation  durable,  les  recommandations  poussent  à  privilégier  l’utilisation  de  produits  bruts,  d’aliments  de  saison,  de  circuits  courts  et  des  modes  de  production  respectueux  de  l’environnement,  c’est-à-dire  avec  une limitation des intrants. Ces nouvelles recommandations, qui seront diffusées d’ici peu via des campagnes de communication vers la population, sont  en  parfaite  cohérence  avec  les  objectifs  quantifiés  fixés  par  le  HCSP  pour  la  future  politique  nutritionnelle  de  santé  publique.  Ces  objectifs  visent  à  ce  que  l’ensemble  de  la  population  (incluant  les  populations  défavorisées)  soit  en  adéquation,  dans  les  5  ans  à  venir,  totalement  ou  partiellement  (selon  les  objectifs),  avec  les  recommandations  nutritionnelles.  Certains  de  ces  objectifs  relatifs  aux  aliments  végétaux  et  animaux,  ou  liés  à  la  consommation  de  produits  bruts  et  Bio  (par  exemple  pour  les  produits  Bio,  que  100  %  de  la  population  consomment  au  moins  20%  de  leurs consommations de fruits et légumes, produits céréaliers et légumineuses issues de produits BIO par semaine), s’ils sont atteints, devraient avoir, au-delà de l’intérêt pour la santé de la population, un impact environnemental important. Encore faut-il pour atteindre les objectifs fixés, que les mesures de santé publique du futur PNNS qui seront décidées par les pouvoirs publics soient réellement à la hauteur des ambitions. Face aux arguments scientifiques qui s’accumulent et  à la forte demande sociétale vis-à-vis de ces grands enjeux de santé publique et environnementaux, on peut espérer que la volonté politique soit au rendez-vous.

Serge Hercberg, Professeur de Nutrition Université Paris 13 /Département de Santé Publique Hôpital Avicenne, Bobigny, AP-HP, Equipe de Recherche en Epidémiologie